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A mon signal, amène le dessert!

Notre pain quotidien.

Elle m’a dit « N’oublies pas le pain s’il te plaît, on t’attend pour manger. »
juste quand je claquais la porte. J’ai pensé « Faut pas que j’oublie le pain » et je me  suis mis à descendre en direction du port pour la ballade. Il y avait peu de vent et le ciel me regardait d’assez haut. C’était plutôt un moment agréable pour se bouger les pieds.  J’ai longé le quai en me demandant si on pouvait encore plonger sans risquer de rester empêtré dans les câbles, si les gamins sautaient encore de la jetée pour épater les promeneurs. Mon grand-père et ses potes eux attendaient que le ferry  se pointe  dans le chenal et plongeaient du quai pour passer directement sous le bateau et refaire surface de l’autre bord. C’était possible parce qu’ils n’avaient pas de quilles. Les bateaux s'entend,  parce que vu d’ici, du bord du quai, vu la taille des ferrys, sûr que mon grand-père et ses potes avaient des quilles. J’étais entrain de rêvasser en apnée tout en  observant le ferry entrer au port quand il est arrivé vers moi,  petit et trapu, avec la peau très mate. Il m’a demandé un euro pour manger. Il attendait en tendant une main vers moi, tout en me montrant la baraque à frites de l’autre. « Attends » j’ai dit et je me suis remonté une épaule pour fouiller la poche de mon jean. J’en ai ressorti un petit tas de mitraille. Il y avait deux euros au milieu de quelques centimes. Je lui en ai donné un en lui demandant comment il s’appelait. Je fais toujours ça, c’est un truc, je me sens moins con à donner de l’argent à un type dont je ne connais le prénom. « Gonzo » il l’a dit en empochant l’argent. Il n’écoutait pas mais je lui ai souhaité bon courage  et j’ai repris mon chemin en me faisant la remarque que c’était la première fois que je croisais la route d’un type qui s’appelait Gonzo. Je commençais à remonter vers chez moi et je me suis rappelé qu’il fallait que je ramène le pain. «  Mince le pain » je me suis dit. Maintenant je n’avais plus assez de monnaie. Tant pis je demanderai à la boulangerie de m’avancer un euro. Je repasserai ce soir pour régler mon ardoise.
J’ai expliqué à la boulangère que j’avais donné un euro à un gamin sur le port, et que du coup je n’avais plus assez d’argent sur moi pour le pain. Quitte à me justifier, Je suis allé jusqu'à lui préciser Gonzo, le prénom du gamin.
-« Pas de problème. Vous avez bien fait, vous vivrez plus léger.» Elle m’a dit en souriant, puis elle m’a tendu le pain tout en me demandant « Et vous, vous vous appelez comment ?»
Je lui ai donné mon prénom et lui ai demandé le sien pendant qu’on y était. Elle s’appelait Naia, et son  prénom était d’origine brésilienne. Sa mère avait quitté le Brésil un peu plus de vingt ans auparavant pour suivre une sorte de Corto Maltese breton plein de splendeur et de morgue qui s’était rapidement mué, une fois à terre, en alcoolique brutal et tourmenté. Enceinte de Naia, elle avait fini par quitter la Bretagne pour atterrir à Boulogne où Naïa avait grandi et s’était plutôt épanouie, même si elle se promettait chaque jour de tout faire pour un jour retourner au Brésil.
En rentrant j’ai expliqué ça à Emma qui s’impatientait, que tout était parti de Gonzo, ce gamin qui faisait la manche sur le port à qui j’avais donné un euro de bon cœur.
Elle m’a demandé si j’avais l’intention d’adopter Gonzo et de coucher avec la boulangère brésilienne, à moins que ce ne soit le contraire.
Je me suis resservi en purée tout en repensant à ma ballade et en me disant qu’il était toujours dommage d’ironiser sur des actes innocents et des paroles sincères, même si je devais bien avouer qu’elle avait une sacrée paire de nichons.

 

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D
Ah non, ah non ! Pour une fois que j'avais un commentaire fabuleux à émettre, monsieur Prax le formule avant moi. Non et non.Bon, me reste quoi à dire alors ?..."...le ciel me regardait d'assez haut"...Ca par exemple, je trouve ça très très fort...
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B
..ça c'est vraiment pas de bol Dine...Y cause quasi jamais Monsieur Prax...et là...c'est le drame....Mais pas grave, je ne me plains pas, c'est hachement bien ce qu'il te reste à dire...^ ^
P
Innocence et sincérité, toutes les qualités d'un homme devant une paire de seins.
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B
Voilà. Exactement ça.^^.
B
"....laï laï laï laï laï....".Et tu y es retourné tous les matins ?
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B
...Tous les matins mon cousin...
O
un bon moyen mnénémotechnique pour ne pas oublier le pain. Félicitation pour cette mémoire vive bob2boboviri
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B
Merci Oviri revenue!