Coup de barre.

 Il est assis là dans son costard anthracite à fines lignes. Il parle, il parle,
il me fatigue. Il répond à toutes les questions, les anticipe, alimente le débat, précise certains points, abonde dans le bon sens ; a présent il mordille ses branches de lunettes, une question plus pointue, il réfléchit, puis trouve et répond. Il parle posément d’une voix agréable. Il a tout compris. Il me fatigue.Ca y est il plaisante, ce n’est pas très fin mais ça détend et l’intention est bonne ; tout le monde sourit, surenchérit. Il se lève, se tient debout les mains dans le dos. Il relance un thème, pose une question, avouant une lacune, on lui répond immédiatement, confirmant l’intuition glissée dans sa question. Le débat avance et il hoche la tête. C’est une bonne réunion, tout cela est constructif. Tout le monde y gagne ; mais il me fatigue, Dieu qu’il me fatigue avec ses chaussettes stupides.