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  • : A sort of slapstick dreams are made of
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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 15:18

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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 10:47
Pendant son adolescence il était sorti avec une fille qu’on appelait Lilly et qui ressemblait pas mal à Brigitte Bardot. On ne peut pas dire que Lilly en était l’exact sosie, non, mais malgré tout quelques uns de ses traits pouvaient lui évoquer BB. L’épaisseur de sa chevelure blonde, la moue prononcée de sa bouche, la forme de ses yeux, l’éclat de son regard résolu. Jusqu’à la candeur sensuelle de sa voix, son impudeur (il n’en savait rien pour Brigitte Bardot mais pour Lilly, il se souvient qu’il avait un début d’érection à chaque fois qu’elle lui parlait un peu doucement). Il se souvient aussi de son rire, de sa taille fine et des longues conversations qu’ils avaient tous les deux.
Aujourd’hui il a beaucoup déménagé et c’était il y a si longtemps, une éternité. Il n’a plus aucun souvenir tangible d’elle, pas plus de lettres que de photos. Lilly a bien sûr disparue de sa vie et Brigitte Bardot est devenue la femme aigrie que l’on sait ; pourtant chaque fois qu’il lui est donné de revoir un film ou une photo de BB dans les années soixante, c’est à Lilly qu’il pense. A Lilly et à tout ce qu’elle lui a donné.
Aujourd’hui encore son image l’apaise. Il sourit au présent.
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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 01:26
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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 17:15
En fait quand ça m'arrive, ( de ne plus rien poster  ) ce n'est pas tant que je n'ai rien à dire mais plutôt que je me pose la question de savoir si ça vaut le coup de l'écrire. Un truc entre "A quoi bon" et "Aqua Velva". Ca ne signifie pas forcément quelque chose mais c'est justement ce manque de signifiance (ha ha, non mais t'as vu le baltringue ?) qui me bloque et m'innhibe.
Bon voilà, je ne vous retiens pas plus longtemps, c'est juste ça, un peu de lassitude.
Je tenais à vous en parler. Parce que je vous aime bien et que j'aime bien écrire des articles, si creux soient-ils, quand même.

Allez, à bientôt, et couvrez-vous ça caille. Bises.


Maximus.
De canard.
Coin.
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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 10:47
C’était lundi et avec Patrick on a pris la route de Paris vers 15H30, il pleuvait.
Une heure trente plus tard, il a fallu qu'on s'arrête pour pisser, nous aussi, ça devenait intenable. Patrick avait des convulsions et de la mousse de canard poignait à la commissure de ses lèvres. On s’est soulagé prestement puis on est reparti, non sans avoir embarqué avec nous un auto-stoppeur (un type muet d’un mètre quatre vingt dix neuf. Comme quoi y a vraiment pas d'âge).
Et de nouveau nous cheminions.
A Roissy l'autoroute passe sous les pistes de l'aéroport et malgré les avertissements de mon GPS - "Dans, cinq, cent, mètres, vous allez, percuter, un, navion - on a bien failli se prendre un Airbus de Vodka Airlines qui atterrissait de traviole sur le capot - une énorme roue du train d'atterrissage était sortie de la piste et faisait pencher l'avion dont l’aile droite menaçait désormais les habitants de l'autoroute, c'était moins une. Mais finalement non, au dernier moment le pilote nous a fait signe de dégager avec son bras à la portière, je me suis légèrement déporté sur le côté et il a pu redresser l’appareil. J’ai entendu un coup de klaxon et un coup d'œil au rétro m'a laissé voir les warning que le type avait enclenchés en remerciement de notre compréhension.
De nouveau Patrick convulsait.
Vu l'heure qu'il était et le retard que nous affichions, j'ai fait comme si je n'entendais pas le boum-boum de sa grosse tête heurtant frénétiquement la vitre passager, il nous restait à peine une heure pour arriver et les premiers ralentissements du périphérique aux abords de la porte de Bagnolet commençaient maintenant à se faire sentir.
Nous roulions à deux, trois à l’heure et Patrick en a profité qu’il ne convulsait plus pour taper la discute avec l’auto-stoppeur confortablement installé sur la banquette arrière.
-« Alors enculé, on a pas de sous pour prendre le train ou pour s’acheter une voiture et on compte sur la charité des gens qui se saignent déjà aux quatre veines pour payer leurs factures et élever leurs enfants pour voyager ? C’est ça hein ? Ordure !»
-« Patrick calme-toi s’il te plaît, pense à ton diabète. De plus si je puis me permettre, tes propos ne sont pas très clairs, et Monsieur est en droit de se demander à quoi se rapporte le « pour voyager » de la fin de ta phrase. A « leurs enfants » ou bien, et il devient alors difficile de s’y retrouver, à « la charité des gens » du milieu de la susdite phrase ? »
Sa grosse tête toute colorée d’hématomes s’est tournée vers moi et il s’est remis à convulser. Cette fois il tâchait la moquette de mon automobile de course de sa bile versée, mais au moins notre autostoppeur était-il sauf. Jusqu’à ce qu’il cesse de rendre. Je veux dire jusqu’à ce que Patrick cesse de rendre, pas l’autostoppeur. Lui ne rendait rien, à peine saignait-il un peu d’une narine dans laquelle Patrick avait introduit son gros pouce durant l’échange.
Maintenant la pluie a cessé, le soir est tombé et nous avons déposé notre jeune ami muet d’un mètre quatre vingt dix neuf Porte des Lilas. Patrick l’a poursuivi sur une dizaine de mètres en le menaçant de sa machette mais sans réelle conviction, il semblait que les convulsions du voyage l’avait quelque peu amoindrit- je me souviens pourtant d’un voyage où j’avais dû arrêter in petto l’automobile sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute du Sud tant Patrick s’était d’un seul coup surexcité à la vue d’une jeune biche immobile à l’orée d’un bois de charmes ; il l’avait alors coursée une heure durant à travers bois et marais. Il avait fini par revenir, puant et ensanglanté, l’œil gauche crevé mais heureux et apaisé, son immense poignard mongol à la ceinture et portant la tête de la biche à bout de bras comme un trophée, hurlant sa joie et dansant une sorte d’ode à la vie sauvage. Emu devant cette si belle scène de l’Homme dans la Nature, je me souviens avoir pensé alors que Patrick aurait tout à gagner à lire Thoreau. Et puis tout de suite après je me souviens aussi m’être souvenu que Patrick ne savait pas lire et préférait la viande.
Il est dix neuf heures et nous voilà garés rue de Ménilmontant. Pile à l’heure. Le concert a lieu à la Maroquinerie, à quelques mètres de là. Sur le trottoir, après l’avoir convaincu d’en porter un minimum, j’aide Patrick à enfiler ses vêtements. Une vieille dame toute courbée par les années qui promène son chien aperçoit ses parties génitales et se met à uriner autour de lui en se léchant le dos de la main. Puis nous commençons à nous mettre en chemin pour nous rendre à la salle de concert de concert. Patrick a faim. Il convulse. J’en ai marre. Je me renseigne à l’entrée.
-« Bonjour, c’est bien ici le concert de The Heavy ? »
-
« Bonjour, oui c’est ici. A partir de vingt heures pour la première partie, Pepper Island, et disons vers vingt et une heure pour The Heavy. »
-« Ok merci. Et sinon mon ami…Attendez, excusez-moi un instant…Patrick!! S’il te plaît, tu descends du toit de l'autobus et tu le laisses repartir…Voilà…Heu oui alors, mon ami et moi avons fait la route pour venir et nous avons faim, enfin surtout mon ami, vous pensez que c’est possible de grignoter un petit quelque chose avant le concert ? »
-« Ah oui bien sûr c’est demain. »
-« Comment ça Ah oui bien sûr c’est demain ? Elle ne veut rien dire votre phrase, je vous demande si on peut manger et vous me répondez c’est demain. C’est comme si je vous demandais l’heure et que vous me répondiez Ah oui bien sûr c’est mon slip. Admettez. »
-« Ha Ha d’accord ! Je comprends. Non pas du tout, en fait je vous explique, le « Ah oui bien sûr » fait référence au fait que vous avez largement le temps pour vous restaurer votre ami et vous vu que le « c’est demain » fait référence à la date du concert, c’est à dire demain, mardi 2 février 2010, et que nous sommes lundi. Vous comprenez ? »
Je comprenais. J’ai demandé au type s’il avait une safety room à proximité ou s’il courait le 400 mètres en moins d’une minute. Il a sourit bêtement et a semblé ne pas comprendre. Après ça je suis allé annoncer la bonne nouvelle à Patrick. Il n’a pas compris non plus (mais au moins n’a-t-il pas convulsé dans l’automobile sur le chemin du retour, rassasié qu’il était).
Voilà. Maintenant on est rentrés chez nous, Patrick a arraché tous ses vêtements et dort comme un bébé sur le toit de l’immeuble.
Je vous laisse, je vais lui préparer une cinquantaine de sandwiches pour demain. Le concert c’est demain.
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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 02:16
J’ai tendu le bras pour attraper la bouteille d’eau et j’ai bu bruyamment une longue goulée.
-« Je vais aller acheter des cigarettes. » j’ai dit tout bas.
Après ça pendant quelques minutes, les yeux au plafond, nous n’avons plus fait qu’écouter nos souffles retrouver leur rythme de vie. Puis elle s’est assise sur le bord du lit et a réajusté son chemisier noir à trois boutons qu’elle avait gardé sur elle. Elle se tenait droite comme une danseuse, presque raide et ses cheveux étaient encore tenus et coiffés comme si rien ne s’était passé, à peine une ou deux mèches couraient-elles sur sa nuque dégagée. Elle s’est levée - elle avait aussi gardé ses talons aiguilles - pour aller se planter silencieuse devant la fenêtre. Sans tourner la tête vers elle je devinais ses longues jambes et le galbe de ses fesses, du coin de l’œil j’appréciais ma chance et rendais grâce au hasard des rencontres. Camille avait pris ses habitudes du matin dans le même troquet que moi et nous avions très vite compris ce qu’il allait advenir de nos conversations matinales. Il s’était trouvé un moment où les yeux dans les yeux, touillant notre café nous avions soupiré tous les deux, de désir autant que de dépit, percevant elle et moi l’abîme qui menaçait de s’ouvrir désormais à chacun de nos pas.
Elle a fait demi-tour et sans me regarder est allée se glisser avec une lenteur méticuleuse sous la petite table ronde au plateau de marbre blanc. Elle est restée figée, prostrée, le visage contre la moquette rase de la chambre d’hôtel, une main enserrant un pied forgé de la table, une jambe fléchie relevant son cul blanc qu’elle offrait à la lumière de la lampe de chevet. Puis elle s’est mise à ramper. Ces derniers temps Camille était fragile. Elle sanglotait.
-« Camille s’il te plaît…Je ne fais que descendre au coin de la rue chercher des cigarettes.»
Une fois par semaine nous nous retrouvions dans cette chambre – la 43 - de l’hôtel Molitor, et uniquement là, nous avions convenu le reste du temps de ne plus nous voir ni nous parler. Ce que nous avions à vivre n’avait rien de compatible avec le cours ordinaire de nos vies. Si au début de notre relation nous avions continué de nous voir chaque matin avant d’aller travailler, elle et moi devant une tasse de café comme si de rien n’était, il nous était rapidement apparu que nous nous désignions amants aux yeux du monde ; il nous était impossible de ne pas être trahir par nos mains sans cesse effleurées, quand ce n’était pas nos doigts entrecroisés, autant que par nos jambes impatientes se cherchant sous la table ; nos respirations brèves, nos bouches entrouvertes en disaient plus long sur nos appétits de chair qu’un aveu signé devant un juge. Nous étions deux carnassiers tenus en laisse, bavant et écumant, impatients de cette liberté qui nous laisserait enfin heureux nous perdre, nous entre dévorer, tout à la fois proie et prédateur.
Nous avons donc cessé de nous voir chaque matin pour ne plus nous retrouver que dans cette chambre d’hôtel. Je m‘étais arrangé avec le type de l’accueil, la chambre 43 serait libre tous les jeudis de 15 heures à 19 heures. Ainsi et depuis huit mois, chaque semaine, Camille et moi nous retrouvions dans cette chambre aux murs tendus de tissus rayés, au sol feutré de moquette grenat, à l’abri des regards et du tumulte de la ville, isolés du reste du monde qui cessait d’exister une fois la porte refermée. Elle et moi. Nos deux corps aimantés, plus que nus, entremêlés, entrechoqués, affolés dans la fracas de nos sens, enivrés du parfum mêlé de nos odeurs, goûtant notre peau de nos bouches avides, de nos langues pendues, palpant de nos doigts, pressant nos os sous la chair, nous baisions et encore, nous nous étreignions debout jusqu’à retomber fourbus et les jambes tremblantes, hors d’haleine et assoiffés. Puis de nouveau, une cigarette, peu de mots, nos mains habiles, et sur nos épidermes, l’envie qui revient. Nous n’existions plus qu’à nous même, nous n’avions de temps pour rien d’autre ni personne. Aucune conversation, aucune considération, rien à foutre, de rien ni de personne, nous nous exhortions l’un l’autre à oublier qui nous étions, à oublier tout ce qui pouvait nous ramener à la réalité. Nous étions amants, nos étreintes nous faisaient éternels et le temps n’avait plus de durée, enfin avions-nous accès à son intensité. Et quand l’heure de nous séparer finissait malgré tout par arriver – le temps cet assidu finit toujours par passer -, elle ne nous trouvait jamais frustrés. Un dernier baiser, deux ou trois phrases chuchotées, le son mat et indifférent de la porte de la chambre qui se referme, Camille qui sort la première et moi qui fume une dernière cigarette à la fenêtre en attendant de partir à mon tour, la regardant quatre étages plus bas traverser la rue de son pas impatient, sa mince silhouette se perdre dans la foule. Je jetais alors mon mégot et le regardait tomber indécis jusqu’à ce qu’il heurte le sol ou le capot d’un voiture en une intense gerbe d’étincelles, disparaissant aussi vite qu’elle venait d’apparaître.
J’ai dévalé les escaliers de l’hôtel quatre à quatre, je venais de promettre à Camille de faire au plus vite et de revenir dans les cinq minutes, que nous ferions l’amour encore une fois, il n’était que dix-huit heures, avant qu’elle ne parte à nouveau. Et qu’à nouveau, fumant une dernière cigarette à la fenêtre, je ne la regarde partir, traverser la rue de son pas décidé, son sac à main coincé sous son bras, l’autre balançant au rythme de ses longues jambes plantées dans le sol, Camille et son port de tête imperceptiblement désabusé.
J’ai demandé un paquet de Camel et un gin tonic, j’ai réglé et je suis allé m’assoir en terrasse. Il y avait peu de clients et le soleil déclinant de cette fin septembre donnait encore assez de chaleur pour laisser croire que l’été avait encore de beaux jours à offrir, même si l’on savait bien tous que l’on ne décidait de rien.
J’ai quitté Camille ce soir là, je ne suis pas remonté la rejoindre. Elle ne m’a donné aucune nouvelle depuis et je n’ai pas cherché à en avoir. Miraculeusement je n’ai pas souffert de ne plus la voir. Je crois même pouvoir dire que j’en ai été soulagé. Comme si j'avais guéri d'une douleur exquise. Comme si j’avais rompu un étrange sortilège et que j’étais revenu à la vie, apaisé, comme après un long rêve agité.
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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 21:22
" Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c'est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout. Primo, ce genre de trucs ça me rase et secundo mes parents ils auraient chacun une attaque, ou même deux chacun, si je me mettais à baratiner sur leur compte quelque chose d'un peu personnel. Pour ça ils sont susceptibles, spécialement mon père."

Pas mal non ? J'aime bien le style du type, possible que ça marche (ou pas).

Y a ça aussi d'dans :

"Chaque fois que j'arrivais à une rue transversale et que je descendais de la saleté de trottoir, j'avais l'impression que je n'atteindrais jamais l'autre côté de la rue. Je sentais que j'allais m'enfoncer dans le sol, m'enfoncer encore et encore et personne ne me reverrait jamais."

Pour certains il y aurait même là-dedans de quoi définir ce qu'est le style, voyez-vous ça!
(Si tant est bien sûr que le style puisse être...etc etc...)

Enfin bon voilà, à vous de voir, on en reparle (ou pas). En tous cas une chose est sûre, ça s'appelle L'attrape-Coeurs et l'auteur J.D. Salinger.
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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 16:10
10h35, Le Touquet, sur la ligne de départ des championnats départementaux de cross 2010, 150 benjamines piaffent d’impatience dans la boue. Attention au départ!…Là un gros type en anorak bleu brise le rang des spectateurs et vient se planter devant une des concurrentes.
Il donne de la voix :
-« J’en ai rien à foutre ! Elle ne prend pas le départ et c’est tout… »
En fait on comprend rapidement qu’il s’adresse aux parents de la jeune fille restés derrière elle.
-« Et bien peut-être mais j’en ai rien à foutre, vous pourriez me le dire en chinois que ça ne changerait rien, j’en ai rien à foutre elle ne prendra pas le départ! »
Derrière sa fille la mère s’active et s’adresse toujours au gros type en anorak bleu qui semble être un officiel de la ligue d’athlétisme ; elle semble opiniâtre et déterminée. Je me dis que merde, faut donner le départ maintenant, si elle n’a pas de dossard elle dégage, c’est pas une course départementale qui va changer sa carrière à la gamine. La mère élève la voix maintenant, elle gesticule et se met à crier d’une voix suraiguë. Le gros type en anorak bleu reprend :
-« J’en ai rien à foutre, je vais l’empêcher de prendre le départ j’en ai rien à foutre ! » Et de poser ses deux grosses paluches sur les petites épaules de la jeune fille. Visiblement les choses se gâtent. Le père qui n’avait pas encore bronché intervient.
-« Vous ne touchez pas à ma fille ! Enlevez vos mains tout de suite !! »
Le gros type s’exécute mais promet démonstration à l’appui (il pose cette fois ses mains sur le épaules d’une autre gamine tout à côté) qu’il touche qui il veut s’il doit faire son boulot et empêcher un athlète sans dossard de prendre le départ fait parti de son boulot. C’est une question de règlement et de responsabilité. Il est 10h40 et le départ n’est pas encore donné. Il y a un peu de vent et la température de janvier dans le Pas de Calais n’incite pas beaucoup aux agapes. On sent que tout le monde en a marre de ses histoires et beaucoup discutent en proposant de laisser partir la gamine quitte à ne pas tenir compte de son classement. Je fais parti de ceux-là. C’est vrai quoi, nous nos athlètes attendent et se refroidissent pour une histoire de validité de licence dont personne n’a rien à faire. Et il est où d’abord le responsable du club de la gamine ? J’hésite à aller trouver les parents pour leur dire qu’ils feraient mieux de ne pas insister, qu’il portent préjudice à leur fille et que de toutes façons les types de la ligue sont plutôt règlement-réglement et qu’ils n’auront pas gain de cause. Et aussi comme ça la course pourrait démarrer, qu’ils règlent leur problème en dehors, et surtout pas devant les enfants qui n’ont que faire de ce genre de conjectures et qui se refroidissent faudrait pas non plus qu’ils se choppent un claquage. Le gros type de la ligue en anorak bleu lève une main au –dessus de sa tête puis la laisse retomber mollement pour marquer son raz le bol. Il quitte les athlètes et la ligne de départ pour rejoindre vingt mètres plus loin un de ces collègues, un anorak jaune avec une belle moustache et un chapeau de chasseur en cuir. Il est aussi gros et se tient prêt à donner le départ, pistolet en main. Ces deux là ont dû être champion d’Europe de Vache qui rît. Les voilà tous les deux qui discutent fermement, la négation semble être leur mode de communication préféré. Non non et non! C’est maintenant le type au pistolet qui s’adresse aux concurrentes, lui a un porte-voix et reste à distance. Il demande à toutes les personnes non pourvues de dossard de quitter la zone de départ faute de quoi l’épreuve ne pourra avoir lieu. Ainsi les parents et les entraîneurs respectifs s’exécutent. Le père de la jeune fille en question ne bouge pas d’un poil. Mieux que ça - on croit rêver – il s’allume une cigarette. Cette fois s’en est trop. Je fais parti de ceux qui trouvent que là quand même, une clope sur la ligne de départ d’un cross, belle marque de respect pour les enfants ! Il est entrain de perdre ses derniers partisans. Partout dans les rangs fusent les mêmes réflexions, ça suffit maintenant, sa fille n’a pas de dossard, il dégage et laisse courir les autres, tout de même ! Les deux gros types discutent de nouveau quelques instants entre eux, il est maintenant 10h50 et les enfants commencent à perdre patience et à courir dans tous les sens pour se réchauffer et occuper ses longues minutes d’attente. Les parents et entraîneurs se regroupent à nouveau derrière la ligne de départ pour donner, une énième fois, les dernières consignes à leurs enfants qui de toutes façons n’écoutent plus. Il se passe quelques instants, trente secondes, puis le premier type en anorak bleu revient à la charge, un sanglier cette fois plus décidé que jamais à exclure – enfin ! – la concurrente récalcitrante. Le voilà arrivé sur elle, il pose à nouveau ses deux grosses mains sur ses minces épaules et l’oblige à reculer. Le père jette sa cigarette au sol, et se précipite sur le type, la fillette s’écarte et échappe à l’emprise du gros type, le père de la fillette s’en saisit au col et tâche de le repousser, pas facile, il résiste et se met à gueuler
-« J’EN AI RIEN A FOUTRE BORDEL ELLE PARTIRA PAS !!! »
Une ola de réprobation sonore parcours l’assistance. Tout le monde est à la fois outré et subjugué. Des adultes qui se battent devant des enfants, mais c'est n'importe quoi!
Finalement deux entraîneurs réussissent à séparer le phoque et l’éléphant de mer – c’est l’effet que ça fait de les voir se repousser ainsi – et chacun reprend sa place initiale. Le gros type en anorak bleu devant la ligne de départ, le père à côté de sa femme et derrière sa fille, elle-même derrière la ligne, toujours prête à prendre le départ de ce championnat départemental de cross du Touquet 2010. Il est maintenant 11 heures et à ce moment du récit, la jeune fille en question - qui n’a pas encore dit un seul mot - se met à pleurer. Elle se reprend et relève la tête.
- S’IL VOUS PLAÎT ! Allez au moins vérifier que ma licence n'est pas valable!
Elle a douze ans, elle pèse 35 kilos et elle parle au type en anorak bleu en avançant le menton, et sans ciller elle le regarde droit dans les yeux. Tout le monde s’est tu. Peut-être est-ce grâce à ce silence, toujours est-il que les officiels s’exécutent et partent vérifier la validité de la maudite licence. Maintenant tout le monde se fout bien de la course et plus personne n’est impatient de prendre le départ, on attend le verdict! Il semble que le vent vienne de tomber.
Les deux anoraks reviennent en dandinant leur bedaine, un dossard à la main, la jeune fille à gagné, sa licence est valable et elle peut prendre le départ de la course! Sa mère l’applaudira et lancera au public :
-« Bravo ma fille ! Ca paie toujours de se battre ! »
La course est finalement partie à 11h10 et je suis allé à l’arrivée espérant – une sorte de chevalerie sportive un peu con j'avoue - que la jeune fille devenue forte gagne la course. Ca n’a pas été le cas. Mais elle a fini septième, pas mal et du coup s’est qualifiée pour les championnats régionaux. J’étais sincèrement content pour elle, et content aussi de l’avoir entendue se défendre. Pas d'âge pour apprendre. Et revenant vers les vestiaires j’ai croisé son père qui fumait encore au milieu de centaines de sportifs en short. Elles avaient l’air bonnes ses cigarettes.
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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 15:56


*D'après le texte de Chris de Neyr, Mon ami.
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 23:22
bourre1
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