A mon signal, amène le dessert!
Le ciel était clair et dégagé jusqu’à Douvres. La mer était haute comme rarement et léchait avec application des falaises de craies blanchies par le soleil. D’ici on distinguait parfaitement une dizaine de navires croisant au large, mer calme. On peut passer beaucoup de temps à se demander ce qu’on fait là. Ce qu’on était, ce qu’on est devenu. Mais pas aujourd’hui. Entre deux respirations quelqu’un a dit « La belle vue qu’on a…» Instinctivement j’ai répété à voix haute « C’est vrai, la belle vie qu’on a n’est-ce pas ? » Nous nous sommes tus, visiblement de connivence, reconnaissant l’immense privilège que nous avions d'être là sans nous connaître.
Nous nous sommes remis à courir, nous perdant rapidement dans le décor, quelques points vite absorbés par l’immensité du site. Après ça certains ont dû marcher, d’autres continuer à courir, d’une façon générale tous beaucoup souffrir, au moins assez pour vivre quelques heures nulle part ailleurs.
Puis à travers les rues chacun est revenu, étonné, comme retombé des nues.
Nos vies nous attendent derrière la ligne d'arrivée. Il faut s’y remettre maintenant, s'y atteler et tâcher d'incarner celui ou celle que nous sommes sur la photo.