Le jour de l'enterrement de Bashung, sa femme Chloé a lu une lettre qu'il avait laissée à cette intention. Elle lisait sans pleurer sur le parvis de l'église, elle lisait ses mots à lui qui sans gravité nous incitaient gentiment à ne pas laisser la médiocrité ternir nos envies, lui qui est parti debout et souriant en nous souhaitant une belle année.
Je te regarde. Je pense à ce que nous étions. Ca me regarde, fixement.
Je crois que le chien aussi a compris. Hier quand je suis rentré du bureau il m'a regardé sans broncher pendant une bonne minute et quand il est retourné dans ses quartiers je l'ai entendu soupirer.
Je sais qu'il n'en parlera pas mais il n'en pense pas moins, je l'ai déçu.
Il est possible qu'avec un peu de temps et pas mal de chance certaines choses reprennent sens. Si aujourd'hui enfermé dans le placard à balais je distingue avec peine le bout de mes chaussures, demain peut-être je me léverai comme un seul homme et saurai quel chemin prendre pour atteindre cette plage ensoleillée où pique-nique cette famille heureuse entourée de ses amis aux sandwichs épatants.
En attendant je vais me refaire un café, j'ai bien fait d'arrêter de fumer.